Elle n’avait pas de nom, mais les naturalistes de l’Antiquité pratiquaient déjà cette activité sans la nommer. Aristote, Pline l’Ancien, Élien : tous observaient, documentaient et transmettaient leurs connaissances sur la faune par observation prolongée, sans recourir à la mise à mort par plaisir.

Aristote (384-322 av. J.-C.) fonde l’observation scientifique animale. Dans son Histoire des animaux, il décrit plus de 500 espèces à partir d’observations directes. Il documente les comportements sociaux des abeilles, les migrations des oiseaux, les modes de reproduction des poissons. Sa méthode repose sur la patience observationnelle, la comparaison systématique et la classification rationnelle. Aucun fusil nécessaire pour comprendre 500 espèces.

Pline l’Ancien (23-79 apr. J.-C.) compile dans son Histoire naturelle (37 volumes) les connaissances accumulées sur la faune. Il décrit les comportements des éléphants, l’intelligence des dauphins, les stratégies de chasse des faucons. Son approche encyclopédique vise à transmettre le savoir collectif, pas à remplir un congélateur.

Élien (vers 175-235 apr. J.-C.) rédige La Personnalité des animaux, œuvre consacrée exclusivement à l’éthologie. Il rapporte des observations sur la coopération entre espèces, les émotions animales, les capacités cognitives. Son travail témoigne d’un intérêt pour la compréhension plutôt que l’exploitation.

Ces naturalistes établissent les fondements méthodologiques de l’observation comportementale : patience, documentation rigoureuse, transmission des connaissances. La scape s’inscrit dans cette tradition millénaire. Pendant 2000 ans, les plus grands esprits ont transmis leur savoir par l’observation, pas par la destruction. Aujourd’hui, on prétend qu’il faut tuer pour « gérer ».