La cynégétique n’est pas un simple loisir, mais une machine de guerre politique, un lobby si puissant qu’il dicte ses lois à la République. Sous couvert d’un prétendu « art de vivre », les chasseurs ont transformé leur passion pour la mort en un système d’influence tentaculaire, infiltré jusqu’au cœur des institutions. À l’Assemblée, aucun député n’ose braver leur colère : les projets de loi qui les menacent sont enterrés, les rapports accablants étouffés, et les rares voix dissidentes — comme celle du ministre Nicolas Hulot — réduites au silence ou poussées vers la sortie.
Prenez la
, portée par le député LREM Jean-Baptiste Moreau, lui-même chasseur : un texte taillé sur mesure pour étendre les périodes de chasse, autoriser le tir des oies en été, et affaiblir les sanctions en cas d’infraction. Résultat ? Une augmentation de 30 % des espèces chassables en quelques années, tandis que les associations écologistes hurlaient au scandale — en vain. Ou encore, le décret de 2020 qui a , alors que les Français étaient privés de liberté de mouvement. Priorité absolue : ne pas frustrer les 1,2 million de chasseurs, quitte à bafouer l’égalité républicaine.Pendant ce temps, les mêmes qui hurlent contre les « privilèges des milliardaires » ferment les yeux sur ceux des chasseurs, pourtant bien plus systémiques et meurtriers. Les subventions pleuvent —
pour la gestion cynégétique, selon la Cour des comptes — tandis que les dérogations s’accumulent : mais toujours pratiquée dans le Sud-Est, battues administratives financées par l’État, et zones de non-droit où le port d’armes devient un droit sacré. Le pire ? Ce n’est même plus un secret. L’entrisme cynégétique est si ancien, si normalisé, qu’on en parle comme d’une fatalité — comme si la République devait éternellement plier l’échine devant une poignée de nostalgiques du fusil et du sang.Et que dire de la
, ce géant aux 800 000 adhérents, qui dépense des millions chaque année pour influencer les élus ? En 2021, elle a même obtenu gain de cause contre le gouvernement en faisant annuler — par le Conseil d’État — l’interdiction de la chasse à la glu, au mépris des directives européennes. Quand les juges eux-mêmes cèdent, qui reste-t-il pour résister ?